Un partenariat responsable
Grandir ensemble : Un partenariat pour protéger les
ressources naturelles et culturelles du parc
national des Îles-du-Saint-Laurent (maintenant le parc national des
Mille-Îles)
Cette année, Parcs Canada, le premier service de parcs
nationaux au monde, célèbre ses cent ans. Reconnue comme chef de
file mondial dans le domaine de la conservation et de la mise en
valeur des patrimoines culturel et naturel nationaux, l'Agence
Parcs Canada propose à tous les publics des expériences et des
occasions d'apprentissage uniques au monde, lesquelles sont
enrichies par les partenariats fructueux, dont ceux avec
les communautés autochtones, qu'elle entretient.
« Jardin du Grand esprit » : c'est ainsi que
le peuple appelait les Mille-Îles autrefois. Il est vrai que
les Mille-Îles sont le théâtre d'activités humaines et de
phénomènes naturels depuis des millénaires. Il y a une osmose
remarquable entre ce paysage fascinant, situé le long de la
frontière internationale, au confluent du fleuve Saint-Laurent et
du lac Ontario, et ses habitants.
On y trouve le cinquième parc national à avoir été créé au
Canada, à savoir le parc national des Mille-Îles (autrefois appelé
le parc national des Îles-du-Saint-Laurent). Même avant 1904, année
de la création du parc, ce sont les utilisateurs des ressources,
entre autres des groupes des Premières nations et des colons
locaux, qui définissent le rôle du parc. Les valeurs exprimées dans
le plan directeur actuel du parc national des Mille-Îles visent à
la fois son patrimoine naturel, son patrimoine bâti et son
patrimoine intangible. Cette approche holistique de la
conservation, dont le rapprochement avec la communauté des
Premières nations est un élément fondamental, est le fruit d'une
concertation inclusive.
En effet, au cours des dernières années, Parcs Canada a établi
des partenariats positifs et constructifs avec des communautés
autochtones partout au Canada. Cette relation nouvelle saute aux
yeux au parc national des Mille-Îles, qui a établi un partenariat
avec les Premières nations de la région afin de préserver
l'intégrité écologique du parc. Cette relation mutuellement
avantageuse permet à Parcs Canada de mieux protéger le parc au
profit des générations futures tout en renforçant et en mettant en
valeur la culture des Premières nations et leur intime association
avec le parc.
Pour apprécier pleinement la région des Mille-Îles, il faut
reconnaître à la fois les forces naturelles qui l'ont façonnée et
les activités et les croyances humaines qui l'ont définie. Nombre
de groupes des Premières nations, par exemple les Haudenosaunees et
les Algonquins, ont dressé des campements dans ces îles, y ont
chassé et s'y sont rassemblés; le lien spirituel qui les unit à ce
territoire n'a jamais été brisé.
Les Français sont les premiers Européens à fouler le sol de la
région au début des années 1600. Porte d'entrée des Grands Lacs et
du cœur du continent, le corridor maritime des Mille-Îles est vite
envahi par les explorateurs et les commerçants de fourrures suivis,
plus tard, par des marchands désireux d'utiliser la route des
Grands Lacs pour transporter leurs produits. Il faut pourtant
attendre la fin des années 1700 avant que des colons,
majoritairement des loyalistes de l'Empire-Uni, commencent à
établir des villages sur la rive Nord du Saint-Laurent.
À la fin du XIXe siècle, les biens-nantis affluent
aux Mille-Îles. Ils arrivent qui par train, qui par bateau pour
profiter de la nature et fuir l'agitation de la vie urbaine. Ce
flot soudain de citadins donne naissance à des lieux de
villégiature et à d'autres formes de divertissements. En 1856,
de nombreuses îles sont détenues en fiducie par le département des
Affaires des sauvages (qui deviendra plus tard le ministère des
Affaires indiennes et du Nord canadien) au nom des Mississaugas
d'Alnwick, qui ne cessent d'exercer des pressions sur le
gouvernement fédéral pour qu'il dispose des terres et leur remette
le produit des ventes. Certaines îles sont vendues à des
particuliers, mais l'opération ne remporte pas le succès escompté.
Combinée à l'affluence soudaine de touristes, cette perspective
commence en outre à inquiéter les résidents. Ces derniers sont très
attachés à cette région, ils s'y sentent chez eux et s'y récréent
aussi à loisir. Conséquemment, des citoyens locaux demandent aux
autorités gouvernementales de réserver un espace en vue de créer
des parcs publics.
En 1904, le gouvernement canadien passe aux actes et
accorde officiellement la désignation de parc national à neuf des
îles ainsi qu'à une parcelle de territoire continental. Peu après, des plans sont
mis en œuvre en vue d'améliorer les installations offertes aux
visiteurs, notamment des embarcadères et des abris de pique-nique,
et on engage des gardiens pour chacun des sites. Le parc prend
progressivement de l'expansion et comprend aujourd'hui plus de 20
îles et une section continentale élargie. Au cours des années 1960,
la perception du parc national des Mille-Îles évolue. En effet,
alors que la gestion du parc avait été jusque-là axée sur les
besoins récréatifs des résidents et des visiteurs, la direction
décide de miser sur l'environnement unique de la région. On
embauche des naturalistes et des scientifiques qui protègent les
merveilles naturelles du parc sur place et qui les interprètent
pour les visiteurs. C'est à cette époque qu'on assiste à la mise en
œuvre du premier plan directeur du parc, mais ce dernier ne fait
aucune allusion aux Premières nations qui l'ont habité ni aux
ressources culturelles du parc.
Dans les années 1980 et 1990, la conservation de l'environnement
et du patrimoine prend une nouvelle orientation. Don Ross,
naturaliste en chef du parc, documente les ressources écologiques
ainsi que l'histoire du paysage des îles du parc. Au cours des
années 1990, le Comité des édifices fédéraux du patrimoine
recommande la désignation de 15 structures à l'intérieur du parc
(pour en savoir plus, consultez la liste du Répertoire canadien
des lieux patrimoniaux ci-dessous). Au début des
années 2000, la société canadienne devient plus inclusive, et
Parcs Canada fait en sorte qu'un dialogue s'engage entre le parc et
les Premières nations locales. On espère ainsi que les deux parties
arriveront à mieux se comprendre et à mieux apprécier la vision de
l'autre au regard du parc. Elles scellent officiellement leur
relation lors d'un feu fumant organisé au parc les 1er
et 2 août 2007. Cette célébration sensibilise le public au
lien qui unit les Premières nations au territoire et à
l'utilisation culturelle et traditionnelle des terres.
La vie de nombreux groupes autochtones est associée au fleuve
Saint-Laurent et à ses rives depuis fort longtemps. En effet,
depuis des générations, la générosité des rives du fleuve a assuré
la survie des habitants. Plus récemment cependant, les communautés
autochtones ont subi des pressions à la fois externes et internes.
Des facteurs, comme les demandes des gouvernements extérieurs,
l'assimilation culturelle et la disparition de leur base économique
traditionnelle, se sont ajoutés aux tensions internes qui
secouaient déjà les communautés.
Malgré ces difficultés, les efforts des Premières nations pour
assurer la survie de leur identité et de leur culture témoignent de
leur résilience. Dans ce contexte, la relation entre le parc
national des Mille-Îles et les Premières nations de la région a
joué et continue à jouer un rôle en ce qui concerne la
reconnaissance et le renforcement de la contribution des peuples
autochtones au sein de la société canadienne de même qu'à la
protection du patrimoine vivant de la communauté pour les
générations futures.
Or, Parcs Canada n'a pas toujours défendu ce modèle de
coopération. La création de certains des premiers parcs nationaux a
forcé des populations autochtones à déménager, et certains autres
groupes autochtones dont la vie était étroitement liée à ces terres
n'ont pas eu voix au chapitre quant à l'établissement de ces
réserves naturelles. C'est au cours des années 1970 que le Canada a
redéfini ses relations juridiques et constitutionnelles avec les
peuples autochtones, et Parcs Canada a emboîté le pas. L'Agence a
amorcé des changements stratégiques et législatifs qui faisaient
foi de l'acceptation récente des perspectives autochtones entourant
les ressources et de la contribution de ces derniers à leur
conservation. Depuis, de nombreux groupes autochtones ont établi
une relation avec Parcs Canada et sont en mesure d'éclairer
les décisions qui touchent les parcs nationaux, les aires marines
nationales de conservation et les lieux historiques nationaux.
Jusqu'ici, le partenariat élaboré au parc a produit des
résultats positifs pour les deux parties. Par exemple, le bulletin
des Îles-du-Saint-Laurent, L'Écho des pins, publie des
articles signés par des aînés autochtones; divers employés du parc,
dont des étudiants, ont été recrutés dans la communauté locale; un
camp d'été propose aux jeunes des Premières nations de découvrir
leur culture. Mais surtout, le parc tire profit du savoir traditionnel des aînés et de
la façon responsable avec laquelle ils ont conservé les ressources,
tout en offrant aux visiteurs des occasions d'apprentissage
toujours plus intéressantes et des expériences uniques et
mondialement recherchées axées sur le patrimoine naturel et
culturel du Canada.
L'année 2011 marque le centenaire de Parcs Canada. Parcs Canada
a été le premier service de parcs nationaux au monde à se consacrer
la protection, à la découverte et à l'interprétation du remarquable
patrimoine de notre pays. Guidé par une approche holistique de
la conservation et de la mise en valeur des ressources, le plan
directeur du parc national des Îles-du-Saint-Laurent de 2010
témoigne éloquemment du respect et de la volonté que l'Agence Parcs
Canada tend à concrétiser en s'efforçant de trouver un terrain
d'entente avec les multiples intervenants avec lesquels elle
souhaite collaborer et grandir au bénéfice de tous.